Décompression du sac endolymphatique ou neurectomie
vestibulaire?
J'ai suivi avec grand intérêt les échanges
concernant les avantages et désavantages de deux traitements
chirurgicaux d'une maladie de Ménière récalcitrante et
invalidante : la décompression du sac endolymphatique et la
neurectomie vestibulaire.
En toutes choses il faut bonne mesure garder. Le premier conseil
à suivre est le suivant : la chirurgie est le dernier recours
dans la maladie de Ménière. Il vaut mieux passer par les différentes
thérapies médicamenteuses, voire celles de la médecine complémentaire,
avant d'opter pour elle. Admettons que la chirurgie devient inéluctable,
parce qu'aucun traitement médical ne marche et que la maladie
est très invalidante : dans ce cas il reste le choix entre deux
techniques : la première est appelée une technique
conservatrice. On utilise ce terme pour dire qu'elle ne détruit
rien. Il s'agit de la décompression du sac endolymphatique, qui
permet d'éliminer l'hydrops, considéré comme la cause du
vertige. La deuxième technique est franchement destructrice. On
détruit le nerf vestibulaire, soit par la chirurgie, soit par
la chimie (injections de gentiamycine intratympanique).
La lecture des textes ci-dessous indique clairement que s'il est
vrai que la neurectomie vestibulaire guérit les vertiges causés
par la Maladie de Ménière dans un grand nombre de cas, il
s'agit toujours de cas extrêmes, donc relativement peu courants
et que, même dans ce groupe, il faut compter non seulement sur
plus de 20% d'échecs, mais aussi sur une baisse importante de
l'ouïe dans les quatre ans qui suivent dans la majorité des
patients. Cette opération peut d'ailleurs aussi influencer
d'autres fonctions, comme la vision, etc. car le nerf
vestibulaire ne contrôle pas que l'équilibre, mais est relaté
aussi aux yeux, à plusieurs groupes musculaires du visage, de
la nuque, des épaules, des membres (même inférieurs) etc. et
peu d'études ont été faites sur l'homme pour déterminer à
moyenne et longue échéance quelle est l'incidence sur ces différentes
fonctions, à propos desquelles les spécialistes reconnaissent
que beaucoup de recherche doit encore être faite. Notons que
dans beaucoup de cas cette intervention nécessite encore un
traitement médicamenteux de trois mois à un an, car un certain
nombres de troubles sont consécutifs à la destruction de la
compensation vestibulaire.
Je donne ci-dessous des abrégés d'un certain nombre d'extraits
de la littérature scientifique médicale datant de maximum un
an et demi. Il s'agit donc d'études récentes. Constatons
qu'elles proviennent de magazines médicaux au-dessus de tout
soupçon d'amateurisme ou de tromperie. J'invite le visiteur à
les lire très, très attentivement ces textes, car un petit mot
récèle souvent une grande verité. Il constatera que la
neurectomie vestibulaire n'est pas une panacée et qu'on peut
dire qu'elle est le dernier choix, après le médicament et la décompression
du sac endolymphatique. Mais quand ces solutions ont été tentées
et n'ont pas offert de résultat, la neurectomie vestibulaire
peut offrir une solution positive pour le vertige (on ne dit pas
pour la surdité et pour l'ouïe)du moins.
1. Un avis très autorisé d'une société médicale aux
Etats-Unis (paraphrasé) : Le traitement médical de la Maladie
de Ménière utilise des diurétiques et un régime pauvre en
sel pour diminuer la pression liquidienne dans le labyrinthe et
la cochlée. Le traitement d'allergies existantes par la désensibilisation
et des corticostéroïdes peut parfois être efficace chez un
nombre limité de patients bien choisis. Il y a deux formes
d'intervention chirurgicales : la conservatrice et la radicale
(ou destructrice). La décompression du sac endolymphatique est
une méthode conservatrice qui reste hautement efficace et
suivant notre avis c'est l'intervention de premier choix chez
les patients qui ne réagissent pas aux traitement médicamenteux.
La labyrinthectomie (chriurgicale ou chimique) et la neurectomie
vestibulaire sont des techniques destructrices, qui éliminent
la fonction vestibulaire dans l'oreille affectée. Ces deux
dernières techniques doivent rester réservées aux patients
qui ne peuvent être aidés par aucune autre méthode
conservatrice (médicaments ou décompression du sac
endolymphatique)
2. Indication principale de la neurectomie vestibulaire :
patients souffrant d'une maladie de Ménière dévastatrice et
étant sourds de l'oreille à opérer.
3. Suivant une étude par questionnaire chez 30 patients au
Japon qui ont subi une intervention de neurectomie vestibulaire,
il est constaté qu'aucun de ces patients n'a plus eu de
vertiges pendant la période de deux ans suivant l'opération.
4. Une étude faite à Madrid concernant 224 patients ayant subi
une neurectomie vestibulaire indique que dans tous les cas les
vertiges ont disparu. On cite des effets secondaires tels que la
paralysie faciale, les infections locales, les problèmes de
suture, les fuites de liquide cérébro-spinal, les hématomes
subduraux, etc, mais leur incidence n'est pas communiquée dans
l'extrait concerné. Constatons que la technique y est considérée
comme la meilleure approche chirurgicale de la Maladie de Ménière
unilatérale récalcitrante.
5. Une autre étude compare les effets respectifs d'une
labyrinthectomie et d'une neurectomie vestibulaire. Dans les
deux groupes de patients les résultats sont similaires (et
appelés favorables) au point de vue de l'équilibre et de l'ouïe.
Bien que la compensation vestibulaire reste incomplète, elle
n'est pas vraiment perçue subjectivement par les patients.
6. Une étude en Floride indique un taux de guérison de 85% des
vertiges après neurectomie vestibulaire.
7. Des commentaires des créateurs de la neurectomie
vestibulaire (équipe de chirurgiens danois) : Cette opération
est uniquement indiquée pour les patients de la Maladie de Ménière
ne pouvant être traités par d'autres moyens, ce qui signifie
que leur nombre est très petit. Il est important que ces
interventions soient faites par une équipe spécialisée en la
matière car le taux de réussite est fortement dépendant de
l'expérience du chirurgien en cette matière. Ses résultats :
sur 42 patients opérés 39 étaient satisfaits de l'opération.
Dans 88% des cas le vertige était sous contrôle. Chez 14
patients il est resté un problème d'équilibre, suite à la
disparition de la fonction vestibulaire dans l'oreille opérée.
Dans 92% l'ouïe est restée la même qu'avant l'opération. Peu
d'effets secondaires. Dans deux cas il a fallu ré-opérer pour
cause d'une fuite du liquide cérébro-spinal. On a constaté
aussi de la paralysie faciale transitoire.
8. Une étude de Columbia University comparant l'effet des deux
types de chirurgie anti-Ménière (chirurgie du sac
endolymphatique et neurectomie vestibulaire) indique un effet
positif de 50% sur les acouphènes pour les deux types
d'interventions.
9. Un étude à Berne (Suisse) a déterminé des problèmes de
la vue pouvant être consécutives à une chirurgie
intra-auriculaire (labyrinthectomie et neurectomie vetibulaire).
On a constaté que chez 10 patients sur 35 il est resté un
problème oculaire et que dans 10% des cas, le problème
oculaire subséquent causait du vertige.
10. Une équipe de l'Université de Maryland n'a pas voulu se
contenter de simples test de l'ouïe soi-disant conservée chez
des patients ayant subi une neurectomie vestibulaire. Leur étude
a permis de constater que chez la plus grande partie des
patients, il se manifeste des problèmes d'ouïe à différents
niveaux, mais qui n'étaient en général pas reconnus à cause
de la surdité relative dont souffraient ces patients.
11. Une étude aux Etats-Unis indique que la neurectomie
vestibulaire, bien qu'elle ne semble pas affecter l'ouïe de façon
significative à brève échéance après l'intervention, cause
cependant une diminuton de l'ouïe qui descend d'une moyenne de
81% à 43% après une période de quatre ans. Il y a aussi une
perte de l'ouïe après la décompression du sac endolymphatique,
mais elle est moins nette.
12. Une étude faite dans le Missouri donne une statistique
impressionnante sur le taux de réussite de la neurectomie
vestibulaire. Il constate que dans 21% des cas (sur 142 étudiés)
un vertige important est resté (pour des raisons diverses, mais
les chiffres ont été enregistrés).
13. D'après un article d'un spécialiste italien, le
neurectomie vestibulaire nécessite un traitement d'au moins 3
mois à la bêtahistine pour favoriser la compensation
vestibulaire détruite par l'opération.
14. Un groupe de chirurgiens colombiens conseille quant à lui
d'envisager la combinaison de la neurectomie et de la décompression
du sac endolymphatique, considérant que tant que l'hydrops
n'est pas contrôlé, les problèmes relatés de l'ouïe et de
l'équilibre ne sont pas vraiment résolus.
15. Constatons la pratique d'administration intratympanique de
gentiamycine dans des cas où la chirurgie du sac
endo-lymphatique n'a pas donné satisfaction. Notons que les
auteurs conseillent cette forme de médication pour éviter la
neurectomie vestibulaire (sans qu'ils ne la déconseillent
clairement). Mais n'oublions pas qu'il s'agit en fait d'une
labyrinthectomie chimique. Une autre étude conseille fortement
ce traitement car il présenterait bien moins d'effets
secondaires qu'une intervention chirurgicale.
16. Trouvant la décompression du seul sac lymphatique
insuffisante, une équipe de chirurgiens de la Louisiane (USA)
conseille une décompression complémentaire du sinus sigmoïde
et de la fossa dura crânienne postérieure, ce qui améliorerait
grandement les résultats au point de vue du vertige et de la
surdité.
17. Concernant la présence de la Maladie de Ménière après 65
ans. D'après une étude faite en Suisse sur plus de 8.000
patients il est constaté que la Maladie de Ménière est
relativement commune chez les vieilles personnes, soit en tant
que nouvelle maladie, soit en tant que réactivation d'un ancien
Ménière.
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