Guang Ming ISMC

Si la MC 'marche', pourquoi y a-t-il encore tellement d’acouphéniques ?

Je suis une personne heureusement optimiste et positive. Je m’imagine donc que quand vous utilisez le terme « laïus » pour qualifier mes interventions et « potes » pour parler de mes collègues de Chine, vous n’avez aucune intention de manquer de courtoisie ou de respect, mais que c’est simplement une expression de votre grande sympathie et de votre désir de devenir plus familier avec cette médecine et ces médecins de ce monde « à l’opposé », qu’est la Chine.

Première remarque : vous détournez quelque-peu mes paroles. Pourquoi ne pas me citer verbatim :
« Quand la science redécouvrira la voie de la sagesse et ses racines philosophiques et quand elle sera guérie de sa surdité volontaire pour retrouver l’écoute des patients, une médecine nouvelle pourra revoir le jour. Il est vrai qu’entretemps, il y a encore toujours … les Chinois ».

Les études sur la motivation des patients qui se font soigner en médecine complémentaire (toutes disciplines confondues), indiquent toujours comme raison numéro un de cette fréquentation : une meilleure écoute. Je n’invente rien. Puis il est un fait que la médecine scientifique s’oblige à se baser uniquement sur des observations objectives pour conclure à un diagnostic. Les questions au patient n’ont qu’une importance secondaire, puisque les réponses sont éminemment subjectives. Dans de nombreuses maladies fonctionnelles, c’est à dire des maladies où les examens ne peuvent pas mettre en exergue une cause objective, la médecine a ainsi développé des échelles de mesure à visée objectivante, afin d’éliminer toute subjectivité due au discours spontané du patient. Tout ce qu’un médecin ajoute en écoute à sa consultation, a tout à voir avec des questions d’humanité, de sympathie, de compassion ou de psychologie et peu ou rien avec la science médicale. Voilà pour la médecine occidentale. Cela n’infirme pas sa valeur intrinsèque comme science, cela indique une faiblesse dans son approche au point de vue de l’art de guérir.

En médecine chinoise on accorde une très grande attention à l’observation des aspects subjectifs, y compris les perceptions du patient, qu’on considère comme étant significatives pour poser un diagnostic. Le médecin chinois est donc forcément à l’écoute du patient, ce qui confère une dimension supplémentaire à son art de guérir et crée une communication plus intense entre le médecin et le patient. Cela fait que dans une bonne partie des maladies fonctionnelles, comme certains acouphènes, la médecine chinoise peut poser un diagnostic et entreprendre un traitement directif, là où la médecine occidentale reste somme toute assez inerme. Cela veut donc dire que la médecine chinoise dispose de meilleures armes pour entreprendre le traitement des acouphènes qui ne sont pas dus à une lésion organique du système de l’oreille ou du cerveau.

Je vous renvoie d‘ailleurs aux statistiques sur le traitement des acouphènes en Chine et que j’ai publiées sur ce site et que vous semblez ignorer.

En ce qui concerne l’ignorance des européens concernant les asiatiques je ne puis que vous répondre affirmativement. Les réactions et les témoignages dans ce sens foisonnent dans les médias et même dans les expressions personnelles. Et je ne parle même pas de propos racistes. Malheureusement l’occident et la médecine occidentale ne connaissent pas la Chine ni sa médecine. C’est regrettable et si vous voulez changer quelque chose à ce dernier aspect, il faut vous adresser à votre syndicat, à votre parti ou à votre gouvernement pour qu’ils entreprennent quelques démarches positives dans ce sens, pour qu’enfin les moyens de la médecine chinoise soient mis avec tout leur potentiel thérapeutique au service des citoyens ou au moins au service de ceux que la médecine officielle ne peut pas aider. À ce niveau le problème est d’ailleurs plus politique que scientifique.

Sur la qualité générale des médecins, je suis d’ailleurs parfaitement d’accord avec vous. En Chine aussi j’ai vu des minables qui avaient embrassé la profession médicale. Je vous tranquillise : la France et l’Occident n’ont pas le monopole de la c…

Vous me demandez un ‘laïus’ sur ce que je compte faire pour le traitement des acouphènes. Mais je l’ai déjà annoncé. Je suis en train de créer un groupe d’étude des acouphènes en médecine chinoise, qui non seulement fera une investigation complète de la maladie (ou du symptôme si vous préférez, mais y compris l’hyperacousie et la surdité), mais également mènera une recherche clinique sur un nombre témoin de patients, ce qui devrait permettre d’établir à notre tour, en sus des statistiques publiées en Chine, une évaluation sur l’efficacité du traitement des acouphènes etc. avec la médecine chinoise en occident. Notre travail sera d’ailleurs soutenu par une fondation suisse consacrée à l’étude des acouphènes et les résultats seront publiés. Si vous aviez lu tous mes messages, vous ne poseriez pas cette question. Je ne me souviens d’ailleurs pas que vous avez posé votre candidature pour participer ou que nous auriez manifesté quelque encouragement en la matière. Si vous aviez tout lu, vous sauriez par ex. aussi que nous avons créé une page spéciale acouphènes sur notre site consacré à la médecine chinoise, où vous pouvez retrouver les textes les plus importants de nos interventions dans le forum et où vous pouvez trouver de nombreux renseignements relatifs à la médecine chinoise.

Je comprends très bien votre incrédulité : vous l’avez déjà argumentée abondamment dans notre précédent échange qui s’intitulait très peu élégamment : « l’acupuncture, oui ou merde ». Je ne vais donc pas reprendre tous mes arguments. Il faut cependant mettre des points sur le « i ». Je n’ai jamais dit que la médecine chinoise était une panacée et qu’elle était capable de guérir toutes les maladies, ni qu’elle était dans la généralité supérieure à la médecine occidentale (j’ai même été tellement nuancé dans mes interventions, que plusieurs participants au forum s’imaginaient que j’étais médecin en médecine occidentale). Hélas, en Chine, où coexistent les deux médecines, il y a encore tant et tant de souffrance, mais au moins pas pire que chez nous, bien que la médecine technologique y soit moins évoluée et que les gens sont soignés pour au moins 50% par la médecine chinoise. Quand je parle des possibilités probables de la médecine chinoise dans le traitement des acouphènes, c’est parce que je puis constater à travers des témoignages que je lis dans ce forum, qu’il y a un certain nombre de personnes qui souffrent gravement actuellement et qui ne sont pas soulagés suffisamment par la médecine occidentale, alors qu’ils présentent des profils qui vont dans le sens d’une indication manifeste de la médecine chinoise. Le but de mes interventions est de montrer une voie complémentaire, au milieu de tant de souffrance et de désespoir, vers une médecine qui est mal connue et qui offre, pour un certain nombre de personnes, une possibilité d’amélioration significative. Car voilà, au moins pour un certain nombre de personnes, une nouvelle raison d’espérer : c’est que la médecine chinoise offre des solutions dans certains cas où la médecine occidentale n’en a pas.

Et j’y reviens : cela ne veut toujours pas dire que la médecine chinoise considère les acouphènes comme un petit problème anodin. Au contraire (et relisez svp mes précédentes interventions où j’explique tout cela), c’est un problème difficile et récalcitrant ; mais cela se traite et il y a des résultats. Que voulez-vous de plus ?

Le scepticisme est toujours acceptable. Mais il ne doit pas être basé sur l’ignorance ou l’ineptie. Dans la meilleure tradition de ce forum, je vous propose donc une lecture intéressante qui explique assez bien les bases de la médecine chinoise aux « pauvres européens » que nous sommes. Cet ouvrage ne dit rien sur les acouphènes, mais beaucoup sur la médecine chinoise. Il s’agit de « Comprendre la médecine chinoise, la toile sans tisserand », de Ted J. Kaptschuk, publié chez Satas, ISBN 2-87293-009-4.

Pour votre gouverne, je vous cite la raison pour laquelle cet auteur (américain, médecin en médecine chinoise, ayant étudié en Chine) a écrit ce livre (ce sont ses paroles) : « Devant la médecine chinoise, l’Occident adopte généralement l’une des deux attitudes suivantes : soit on la surestime parce qu’elle est plus holistique ou parce qu’elle donne plus de poids à la spiritualité, soit on l’assimile, avec quelque mépris, à de la sorcellerie. Ces deux attitudes sont des obstacles sur la voie d’une compréhension originale en plus ‘en profondeur’ : ce livre n’a d’autre but que de briser ces barrières ».

… et bien content si vous êtes arrivé jusqu’au bout de ce laïus … cher pote.