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Xu Dachun : philosophie et déontologie en médecine

De l'examen de médecine

La médecine est vitale pour l’homme. Ainsi, on peut lire dans le Chouli que les maîtres de médecine étaient placés sous la responsabilité du Premier-ministre. A la fin de l’année, leurs activités étaient évaluées, ce qui déterminait leur rémunération. A l’époque de Sun Shencong, (1076-1100), l’étude de la médecine interne et externe a été mise en place, et professeurs et étudiants étaient promus et nommés en fonction de leurs résultats d’examens dans les deux disciplines. Ce système a été repris et perpétué par la dynastie Yuan. Les épreuves d’examen ont été standardisées, et j’ignore si cette méthode a permis une meilleure sélection. En fait, cette tentative d’évaluation des professeurs et des étudiants par un examen reflète le même esprit que celui exprimé dans le Chouli, à savoir que l’appréciation de la pratique médicale est d’une grande importance et nécessite un grand soin. En fait, la formulation des prescriptions et les traitements des maladies à cette époque suivirent les mêmes schémas que dans l’antiquité.

Depuis toujours, la plupart des médecins ont été des étudiants qui ont raté l’examen pour un poste officiel, et n’avaient pas les ressources pour devenir des marchands. Ils n’avaient donc pas d’autre choix que la médecine pour gagner leur vie. Certains d’entre eux écument les librairies à la recherche de texte médicaux anciens dans le but de les plagier. D’autres prétendent être issus d’écoles de médecine fraîchement créées. Au début, ils espèrent juste tromper leur monde. Après un temps, ils en arrivent à croire qu’ils détiennent la seule médecine. Ils persistent ainsi dans leur erreur et les dommages qu’ils causent sont sans fin.

La transmission des idées subtiles contenues dans les œuvres de Shennong et de Huangdi a presque disparu. Si l’on avait tenu compte (ce qui aurait été correct), des grandes lignes qui sous-tendent les examens passés au cours des âges, on devrait rechercher ces quelques médecins actuels qui ont réellement reçu leur enseignement d’un maître capable, dont la formation est à la fois profonde et large, et dont la conduite est intègre et respectable. Prenons pour exemple les professeurs sous la dynastie Song. Ils devaient faire subir un examen critique à tous les médecins et sélectionner ceux qui étaient autorisés à avoir une enseigne et à pratiquer leur profession. Une fois que ces médecins avaient réussi leur examen, ils étaient encore évalués tous les mois. Si les connaissances de l’un deux s’avéraient confuses, et si ses principes de traitement étaient émaillés d’erreurs, il devait décrocher son enseigne et revoir ses Classiques. S’il s’avérait que ses erreurs étaient sérieuses, il recevait l’ordre de changer de métier.

Les professeurs eux-mêmes étaient classés en différentes catégories, tout comme les professeurs de médecine dans le Chouli. Les médecins qui démontraient une formation supérieure, et dont les soins montraient des effets miraculeux, devenaient candidats au professorat. Les examens étaient divisés en six spécialités :

  1. Acupuncture et moxibustion
  2. Herbes et formules
  3. Gynécologie
  4. Pédiatrie et variole
  5. Ophtalmologie
  6. Médecine externe

Ceux qui réussissaient toutes ces spécialités recevaient le titre de « omnispécialiste ». Celui qui passaient deux spécialités recevaient le titre de « plurispécialiste », et celui qui n’en réussissait qu’une de « monospécialiste ».

Les examens étaient divisés en trois sections. La première était appelée « dialectique ». Là, le candidat devait exposer, sur la base du Lingshu et du Suwen, les principes des méridiens, des Zangfu, des cinq phases, des six pervers externes, du Froid et de la Chaleur, du Vide et de la Plénitude, de la tonification et de la dispersion, ainsi que l’action contraire à ou suivant une règle donnée. La deuxième section est appelée explication : ici, le candidat devait, sur la base du Shennong Bencao, du Shanghanlun et du Jinggui Yaolue, rechercher et corréler les principes qui sous-tendent la nature des herbes, l’évolution de la maladie et la structure d’une prescription. La troisième section est appelée étude de cas : ici, le candidat devait exposer ses succès et échecs dans sa pratique quotidienne, et le pourquoi de l’emploi de telle prescription dans telle maladie.

Il ne fait pas l’ombre d’un doute que ceux qui se présentent à de tels examens basent leur discours sur les classiques compilés par les Sages, et qu’ils vont traiter les maladies en accord avec les princes développés durant l’antiquité. Leur connaissance est profondément ancrée dans l’histoire, et ainsi la transmission de la connaissance du maître à l’élève n’est jamais interrompue. Comment peut-on tolérer qu’il y ait des gens qui, manquant totalement de base solide, s’abreuvent de doctrines fictives et traitent la vie humaine presque comme un jouet ?