Guang Ming ISMC

Acouphènes : que fait la science ?

Après quelques interventions précédentes, certains participants m’ont demandé de revenir de temps en temps chez vous. Les derniers jours j’ai vu beaucoup de révolte et même d’agressivité, causées, je pense par la souffrance ou le désespoir… l’incompréhension du monde qui entoure celui qui souffre et la mutité presque obligatoire du monde de la médecine… impuissant. J’ai donc voulu vous envoyer cette intervention pour expliquer certaines choses que d’aucuns savent déjà et que d’autres ignorent. Il peut être utile de connaître l’ordre du monde dans lequel on vit et de savoir où on se trouve. Je ne demanderai pas pardon pour la longueur de mon intervention : il suffit d’un simple ‘clic’ pour quitter ce texte. Donc que celui qui veut lire, lise.

On se demande ce que fait la science…
On se révolte…
Puis on est content, simplement quand on a rencontré un médecin qui vous écoute, même s’il est impuissant devant votre mal…
Et puis on se raconte, comme sur France acouphènes, car qui peut mieux comprendre que l’autre qui souffre comme vous et vous offrir en retour quelques mots lénifiants, de sorte que demain sera un peu plus doux ?

Mais de fait, que fait la science ?
La science médicale a de gros problèmes quand il s’agit d’acouphènes. Cette science est faite pour constater des pathologies objectives, c’est à dire qui peuvent être constatées avec des moyens objectifs. Quand les structures internes de l’oreille sont détruites par une infection particulièrement virulente ou quand une tumeur compresse un nerf, le diagnostic est aisé et la médecine peut déployer tout son merveilleux arsenal pour décrire le mal dans ses moindres détails, intervenir avec la microchirurgie, etc. Voilà un cas qui coïncide bien avec l’approche de la médecine scientifique : car il est ‘objectivable’, c’est à dire, visible, mesurable, bien matériel.

Quand une pathologie est purement fonctionnelle, les problèmes commencent. Il n’y a que peu de moyens technologiques qui permettent de mesurer semblables phénomènes. On connaît la rengaine. Après moult recherches, examens, analyses, le verdict tombe : tout est normal ! Que faire dès lors ? Le meilleur moyen semble consister dans la suppression des fonctions relatées à la pathologie. On peut par exemple enlever chirurgicalement quelques structures relatées, couper ou paralyser tel nerf, quitte à produire quelques effets secondaires… pourvus que ces derniers soient moins graves que le mal qu’on désire soigner.

Quand la médecine n’arrive pas à traiter tel ou tel type de maladie fonctionnelle ou quand simplement elle la traite mal ou maladroitement… ce n’est pas de la mauvaise volonté. Simplement dans l’état actuel de la science, qui est une science matérialiste : ce qui échappe à la matière échappe à la science. Cela devrait avoir au moins un bon côté : c’est d’inspirer quelque modestie à la science et aux scientifiques, face à cette nature parfois diabolique qui continue à la défier, malgré tant de succès éclatants.

Or entre-temps, le patient continue à souffrir et parfois à se révolter.

On peut d’ailleurs le comprendre. Un des problèmes principaux de la science médicale est qu’elle se comporte souvent comme si elle seule détenait la Vérité, la clé de la vie et de la mort. Or il se fait que ce n’est pas le cas. Considéré d’un point de vue historique notre médecine scientifique actuelle, un peu trop souvent arrogante, n’est qu’un tout petit moment, rien qu’un style temporaire dans l’évolution de l’art de guérir et de soigner. Dans un siècle, les scientifiques riront probablement très fort de l’impéritie de certaines méthodes médicales actuelles, considérées pour le moment comme le top du top.

Quand on veut bien enlever ses œillères, on constate qu’actuellement il existe encore d’autres médecines, d’autres arts de guérir et de soigner. Seulement elles ne sont pas ou peu connues et surtout pas ‘reconnues’, parce qu’elles n’obéissent pas aux lois (ou aux oukases) édictées par la science officielle. Même quand ces médecines non officielles ont la capacité de guérir, il y a des lois qui interdisent qu’elles soient mises en œuvre, des lois édictées pour la protection du patient, puisque, par définition seule la science officielle peut guérir. Ces règles sont éminemment contraignantes et condamnent de nombreux patients à une souffrance qui pourrait être soulagée… par un peu plus d’humanité et un peu moins d’arrogance. Cette attitude ne s’exerce d’ailleurs pas uniquement contre les médecines non officielles, mais également au sein du système médical officiel.

Voici un exemple récent. Il s’agit d’un patient souffrant d’un eczéma récalcitrant, éminemment prurigineux. Sachez-le : le prurit ça peut être aussi dur à vivre que les acouphènes. Or un médecin avait découvert un médicament permettant de garder l’eczéma et le prurit sous contrôle et ce sans effets secondaires. Le patient en question avait participé pendant un an à une recherche clinique expérimentale et pendant cette période il n’avait plus souffert d’aucun symptôme, ni d’ailleurs d’aucun effet secondaire. Sa vie était redevenue normale. On peut imaginer son bonheur. Or après un an, son médecin lui apprend que le programme de recherche est bouclé et qu’il ne recevra plus son médicament… qui ne sera d’ailleurs pas mis sur le marché, car il n’avait pas pu prouver comment ce médicament opérait ses effets merveilleux. Ainsi sa recherche scientifique ne répondant pas aux critères exigés par la science, avortait. Et le patient se retrouvait gros-jean comme devant. Évidemment il n’y comprenait rien. Lui, il avait sa maladie. Puis un médecin avait découvert un médicament qui produisait d’excellents effets sans symptômes secondaires. Le patient n’en demandait pas plus. Mais la science eut le dernier mot. Et le patient dut repartir dans sa quête désespérée d’une solution que personne ne sembla pouvoir lui donner… sauf ce seul médicament… mais dont il ne pourrait plus jamais profiter, car ne répondant pas aux critères de la science. Voilà bien une contradiction typique entre le respect des lois de la science et le souci du bien-être du patient. Heureusement cet homme a trouvé une solution ailleurs…

Quand il s’agit de médecines non officielles ou complémentaires ou alternatives, l’attitude de la science est encore plus stricte… quand elle n’est pas rabique. Parlons de la médecine chinoise. Elle est connue surtout par l’acupuncture et la phytothérapie. Ces deux méthodes sont des parties intégrantes de la médecine séculaire de la Chine, qui est basée sur le concept de l’énergie. En tant que telle cette médecine est considérée comme non scientifique et donc inacceptable. Donc pendant longtemps elle a été interdite. Mais voici qu’elle est acceptée… pour autant qu’elle soit pratiquée par des médecins orthodoxes.

Seulement elle se pratique le plus souvent sur base d’un enseignement tronqué qui ne reprend que les quelques éléments neurophysiologiques et pathologiques qui ont un quelconque rapport avec l’excitation que peut par exemple opérer une aiguille dans le corps humain, et laisse souvent tomber toute la partie dite ‘traditionnelle’ de l’examen, du diagnostic et des techniques de traitement propres à la médecine chinoise (qui sont les garants de son efficacité). On a ainsi occidentalisé l’acupuncture et on l’a récupérée dans le système de la médecine dite scientifique. Résultat… la déception… sauf qu’ainsi les traitements sont remboursés par la Sécu… un coût d’ailleurs énorme pour la communauté par rapport aux bienfaits apportés. Seule une minorité de médecins qui approfondit les aspects authentiques de la médecine chinoise arrive à dépasser le niveau de la moyenne. Mais jusqu’où peuvent-ils aller dans leur auto-didacticité ? Ils ne lisent en général pas le chinois. De ce qui paraît en Chine comme littérature médicale moins de 1% est publié en occident.

Si la médecine chinoise a un grand avenir en occident, il faut dire qu’elle n’y trouve actuellement que peu d’intérêt, voire beaucoup de résistance (Disons tout de suite que si c’était une médecine reconnue, les frais de santé seraient moins chers et de nombreux médicaments rapportant une fortune pourraient être remplacés par des moyens de traitement nettement moins chers… il y a là une menace économique directe qui a d’ailleurs été chiffrée mais non publiée). Disons-le donc tout net : en Europe la médecine chinoise revit la préhistoire.

Signalons ici la situation Suisse un peu meilleure. La Médecine Chinoise est reconnue et remboursée pas la sécurité sociale quand elle est pratiquée par un médecin officiellement reconnu. Elle peut être aussi pratiquée par des thérapeutes formés et remboursée par les assurances de santé privées, un système très courant en Suisse. Notons cependant que la médecine chinoise reste cantonnée ici aussi dans les thérapies complémentaires et ne bénéficie d’aucune formation complète en faculté comme c’est le cas en Chine et quelques autres pays.