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Acupuncture - dépression Cas 1

Dans ce chapitre de la dépression, nous rencontrons une multitude de situations pathologiques, traitées invariablement par la médecine occidentale aux anti-dépresseurs, aux psychotropes, etc., souvent sans résultat tangible, voire au prix d’effets secondaires ou plus gravement, de modifications de la personnalité, rarement justifiés par l’état initial du patient. 

La médecine chinoise ne déclare pas qu’elle peut résoudre facilement tous les troubles d’ordre neuropsychiatrique ou que l’acupuncture ou les herbes peuvent remplacer le psychiatre ou le psychologue. Bien au contraire. Dans certains cas graves et urgents l’intervention par des médicaments ‘lourds’, éventuellement en passant par l’internement, permettent de sauver la vie du patient. Mais les problèmes commencent souvent à se poser pendant l’après-crise ou dans les cas relativement légers qui ne justifient jamais le recours aux médications fortes. Pour tous ceux-là, un traitement en médecine chinoise (acupuncture et/ou phytothérapie), accompagné éventuellement d’un suivi psychologique (assuré par un professionnel en psychologie clinique, comportementale ou autre), offre de réels espoirs. 

Mais plus que dans toute autre pathologie, le désir sincère du patient de s’améliorer, sa foi et sa confiance dans ceux qui le soignent, sont déterminants pour la réussite du traitement, pour le moins en ce qui concerne les patients ambulants qui consultent dans un cabinet privé.

CY, homme, 36 ans

Ce patient se décrit comme un dépressif chronique. Il a d’ailleurs pris pendant de nombreuses années du Prozac, suivi de Déanxit, mais sans effets appréciables. Actuellement il n’est plus sous médication. Depuis près de 14 à 16 ans (le début de ses plaintes remonte à la période de ses études universitaires), il ne s’est plus jamais senti bien. Il se plaint d’une mauvaise concentration, d’une mauvaise mémoire, de la difficulté de trouver ses mots, d’insomnie, de l’impossibilité de prendre facilement des décisions, d’irritabilité et de colère rentrée, d’une sensation de prurit dans la tête sous la tempe gauche, d’une sensation de fourmillements dans le crâne, de tension de la nuque. Il ne supporte pas les repas lourds et tardifs. Ses selles sont difficiles, parfois constipées. Il souffre de flatulences bruyantes, qui lui donnent un sentiment de soulagement. Son pouls est faible. La langue est humide. Il a subi un électroencéphalogramme, qui est normal. Dans l’ensemble il a honte de sa situation, car il estime qu’avec son physique (homme de grande taille et d’une bonne musculation) et à son âge, il devrait être en pleine possession de ses moyens. Cela explique d’ailleurs son expression torturée et son maintien un peu courbé.

Les signes énumérés par ce patient appartiennent manifestement au vide du coeur et de la vésicule biliaire, probablement causés par le surmenage intellectuel pendant ses études, ce qui est confirmé par le pouls. Il aurait été tentant de tonifier de prime abord. Il fallait cependant tenir compte du fait qu’une deuxième pathologie s’était formée graduellement suite à l’insatisfaction concernant sa condition : à savoir la colère rentrée et donc la congestion du foie ne demandant qu’à se transformer en feu … pour autant qu’on l’attise un peu … par exemple par des toniques. La première réponse thérapeutique à ce type de situation est l’harmonisation. Décongestionner doucement et tonifier légèrement.

En acupuncture Si Guan (Hegu LI4 et Taichong LR3) furent les premiers points utilisés. Le patient ressentit en quelques semaines une notable amélioration : plus à l’aise, plus décontracté. Ce traitement fut complété par la prescription d’une modification de Jia Wei Xiao Yao San (moins Bohe, Herba Menthae, plus Yejiaoteng, Caulis Polygoni Multiflori, Chao Zaoren, Semen Ziziphi tostum en Muli, Concha Ostreae). Après deux mois de ce traitement combiné (à savoir 5 traitements d’acupuncture et 5 semaines d’herbes), il se sent notablement mieux. Il peut mieux entreprendre, ses facultés intellectuelles fonctionnent beaucoup mieux, ses symptômes physiques ont disparu. Ne reste que l’insomnie et cette sensation de chatouillement un peu étrange sous le Taiyang gauche.

L’ordonnance est adaptée en conséquence par l’ajout de quelques herbes qui ouvrent les orifices, stabilisent les sentiments et activent doucement la circulation du sang. Quelques semaines plus tard, le patient se déclare en très bonne forme et … en colère : la colère parce qu’il a perdu 14 ans de sa vie, pendant lesquelles personne n’a pu l’aider, pendant lesquelles il se croyait voué à l’échec sempiternel et au mal-vivre sans fin. Le médecin chinois lui dit que maintenant il s’agit de vivre dans la joie de la santé retrouvée et d’oublier le ressentiment, qui pourrait être une cause de rechute. Il conseille au patient de continuer de prendre des herbes pendant encore quelques mois pour consolider les résultats. Dans l’ensemble ce mal-être de plus de 14 ans a été guéri en l’espace de trois mois, par la médecine chinoise et … par la volonté de guérir du patient !